mardi 30 novembre 2010

benoît au marathon de La Rochelle

Voici ce que m'a envoyé benoît Blanchard :
la courbe de FC de son marathon et son récit, c'est quand même bien sympathique de revenir de La Rochelle avec une très belle réussite sportive.

Récit:
Cette fois-ci, c’est la bonne : la préparation s’est déroulée sans le moindre accroc, tous les signaux sont au vert, même la météo annoncée pas terrible ne m’inquiète pas. Tant qu’il n’y a pas de vent et pas trop de pluie c’est OK. Le froid, je m’en accommoderai.
Voilà, le mental est au top, y’a plus qu’à… Pour ce marathon de la Rochelle, j’aurai le privilège d’avoir à mes côtés mon pote Manu, spécialiste de tennis de table avant tout, mais que j’ai convaincu il y a maintenant plus de 2 ans d’essayer de courir un marathon. C’était au Mont Saint Michel en 2008, avant la course, il avait décrété qu’il le faisait pour ne pas mourir idiot, mais qu’il n’en ferait qu’un. Il prenait dimanche son 6ème départ de marathon, après un échec 6 semaines auparavant à Vannes, terminé en 2h54’ après être parti sur des bases inférieures à 2h40’… Pas mal pour un pongiste !
Nous rentrons dans le sas moins de 10 minutes avant le départ, nous pensons être bien placés. A l’arrêt, ma FC reste sage, aux alentours de 90, c’est correct compte tenu du contexte. Le départ est donné, finalement nous ne sommes pas si bien placés que ça (tout est relatif, bien sûr…) puisque nous mettrons 20 secondes à franchir la ligne de départ, et encore quelques secondes de plus avant de courir… et encore quelques minutes de plus avant de courir à notre rythme. Quelle densité devant ! Allez, c’est parti, on y est. 1er km : 4’12’’. 20 secondes de perdues d’entrée. Et le cardio qui s’affole, mais ça, c’était prévu, donc pas de panique. Je sais qu’il faudra peut-être un quart d’heure avant que mon bracelet magique ne daigne me donner des données de FC réalistes. Pour le moment, on gère prudemment, le cardio indique 190 pulses/mn… La densité reste très forte, nous sommes pour le moment toujours derrière le ballon des 3 heures, je sais qu’il faut absolument se dégager de cette zone, beaucoup de coureurs visant cette marque au départ. 3’58’’ au 2ème km, toujours pas moyen de courir droit. On arrive au 5ème km, j’ai enfin des données fiables pour la FC : je suis à 161. C’est bien, cela aurait pu être mieux. Cela correspond à mes sensations du matin : je suis dans un bon jour, mais pas dans un grand jour. Je ne suis pas en promenade, j’avance bien, mais je n’ai pas l’impression d’être en roue libre comme c’était le cas le jour de la dernière séance d’allure spé. Bon, les kms commencent à défiler : 3’50’’ par ci 3’58’’ par là… Je regarde le cardio, mais je regarde aussi Manu. On n’échange presque pas, mais on est en permanence en train de s’assurer que l’autre est bien là. La répétition de l’allure cible à l’entraînement me donne une certaine liberté vis-à-vis du cardio : je ne le consulte pas souvent, je sais que je suis dans le tempo. Je lappe tous les kms, mais je ne regarde pas mon temps global : durant toute la course, je n’aurai pour information chronométrique que le temps du dernier km effectué, ainsi que les estimations de temps d’arrivée données par les bénévoles à certains points du parcours.
Le premier ravito me rappelle qu’il fait froid, et qu’il va falloir s’hydrater avec précaution, si je souhaite éviter les nœuds à l’estomac : l’eau est glacée. La constante, c’est que les temps au km sont stables, entre 3’51’’ et 3’58’’ selon le relief, mais que les sensations ne sont pas formidables. Je suis bien pour le moment, mais j’ai l’impression d’avoir déjà des sensations de 25ème km. Près à basculer dans le dur. Pourtant la FC reste sage (entre 161 et 163, parfois 166 quand je ne relâche pas suffisamment dans une portion ascendante un peu longue ou que Manu embraye, et que je ne veux pas le lâcher), mais je suis en état d’alerte maximale. Pour le moment, ça va, nous rattrapons Anthony Davourie de la JA, ainsi qu’un bon petit groupe peu avant le 15ème km. Quelques mots avec Anthony : nous nous sommes fixé tous les deux 2h45’, mais nous sommes d’accord pour dire que ça va être tendu aujourd’hui. Bon, Anthony a envie de discuter, je lui apporte des réponses minimalistes, j’ai envie de me mettre dans ma bulle, mais il est bien mieux que moi… Notre groupe est composé de 6 ou 7 coureurs, et nous avançons désormais comme un seul homme, je suis souvent à l’arrière, mais pas de problème pour suivre l’allure. Pendant la boucle du port des Minimes, Manu et moi, sans nous concerter, prenons la tête du groupe dans la longue montée en ligne droite afin de soutenir l’allure (je n’ose pas regarder le cardio, la courbe consultée après course m’indiquera que la FC n’a pas bronché). Dans le centre de La Rochelle, juste après le passage du semi, je fais le malin, en haranguant le public bien présent pour avoir encore plus d’encouragements… Je ne connais pas mon temps cumulé, je sais juste que je suis toujours très régulier, et je ne me pose aucune question. Mais je sens que les jambes commencent à être dures, rien de méchant pour le moment, mais cette sensation précoce de difficulté est pleine de promesses pour la demi-heure à venir ! Côté FC, RAS : toujours 161-162, je ne regarde presque plus. D’ailleurs, je sais déjà que dans quelque temps, je vais continuer de lapper les kms, mais je ferai en sorte de ne pas voir ce qui s’affiche afin de ne pas me démoraliser en voyant les secondes s’envoler.
Je le sens le coup de moins bien. Manu se sent pousser des ailes, reprend la tête du groupe, et il prend même quelques mètres d’avance. 5 mètres pas plus, mais dans la tête je gamberge. Si le groupe part sans moi, je sais que ce sera très dur. Finalement, ce mauvais moment passe, mais la course a basculé. Je commence à enfiler mon costume de guerrier. Je rejoins Manu au passage du 27ème km (il court avec le dossard d’un gars, blessé pour La Rochelle, qui a abandonné au 27ème km lors du seul marathon qu’il a couru, ce qu’il regrette profondément depuis, car nous sommes assez chambreurs entre nous…), et Manu me dit avec un grand sourire : « contrat rempli ». Moi, je commence à être dans le vrai dur, et lui, il ne pense qu’à ses conneries ! Je me marre quand même. Mais c’était peut-être le chant du cygne pour Manu : il rentre dans le rang. Je ne le vois plus à côté de moi, il est toujours dans le groupe, mais ça se durcit. On arrive au 30ème km, notre fan club est là.

Manu (le maillot jaune derrière le maillot rose) décroche. Chacun sa course maintenant. Pour moi, la stratégie est simple : résiste. Les kms ne sont plus faits en 3’55’’, mais plutôt en 3’59’’. La FC est toujours à 162. C’est la guerre. Mon état est stationnaire jusqu’au 32-33ème, c'est-à-dire que je ne souffre pas plus qu’au 30ème, je réussis un joli 3000 en 11’43’’ (j’ai loupé deux pancartes kilométriques) à ce moment de la course. Puis encore un 7’55’’ sur le 2000 suivant. Encore une pancarte loupée, la lucidité s’en va. Je suis au 34ème ! Finalement, c’est dur, mais j’arrive dans le final… Je ne m’effondre pas ! Et à votre avis la FC ? 162 ! Et là je commence à m’accrocher à tout. Il me reste 8 km. J’ai fait une fois 8000 mètres autour du stade en allure spé. C’était pas très long, et surtout, c’était facile. Allez, en route. 3’54’’ le 35ème. Je serre les dents, ça commence à faire très mal, mais je ne cède toujours pas. Je regarde le Garmin pour savoir quand viendra la prochaine pancarte kilométrique… Déjà 300 mètres de faits, 500 mètres, …, 36 km ! 4’02’’. Ça tombe un peu, mais c’est OK. Je suis au bord des crampes, un cachet de sporténine et ça repart. 37ème : 4’03’’, 38ème : 4’05’’. C’est dur, j’en ch… mais je ne lâche rien. 39ème : 3’55’’ ? Moi, le zombie, j’arrive encore à faire ça ? 40ème : 4’26’’… Ahhhhhhhh, les panneaux étaient mal placés… Ça sent l’arrivée, je donne tout, je n’ai aucune idée du chrono global, dans ma tête, à cet instant, je ne pense qu’au 2 derniers km, et je suis persuadé que ça va être chaud pour faire moins de 2h50’. Tant pis. J’avance, je me bats, on arrive en ville, le public nous pousse, le fan club est là de nouveau :

Je les vois à peine, je suis intégralement tendu vers la ligne d’arrivée… Je ne sais toujours pas où en est le chrono ! Et puis viennent les pavés, le dernier virage vers la ligne d’arrivée, le tapis bleu, et le chrono officiel qui égrène les secondes : 2h47’ ! Je suis fou de joie, et je dois bien admettre que j’ai été très démonstratif dans ces instants… Je hurle, le speaker me demande si j’ai battu mon record : « oui, de plus de 3 minutes », puis il me signale que c’est bon, je peux m’arrêter de courir… Euphorique le bonhomme ! Une vague de sanglots me submerge, il fait un froid de canard, mais je suis sur mon nuage. Manu me rejoint, il a claqué 2h49’, pas mal le pongiste, merci pour les 30 bornes passées ensemble (et le partage muet de la souffrance qui monte) et les quelques entraînements communs ! Mieux qu’un lièvre, Manu c’est un relanceur d’allure ! Impossible de s’endormir dans un faux rythme avec lui.
Merci Charlie, le palier est franchi, on peut viser plus haut maintenant !

6 commentaires:

Unknown a dit…

Bravo Benoit !
Encore un beau compte-rendu, cet fois avec un marathon abouti. Je sais que ton plaisir est à la hauteur des multiples tentatives manquées précédemment.
J'aime ce travail bien fait, cette belle collaboration avec Charlie et le chrono qui tombe après vous y être repris à plusieurs fois.
Tu as su insister, te construire un mental de gagneur et vaincre la météo. C'est beau, tout simplement

J'adore la conclusion qui te projette déjà dans l'avenir et un nouveau défi. 2h45 sera un très beau défi à relever dans des conditions plus douces.

J'ai hâte qu'on se retrouve sur le cross... On boira une bolée à ton record !

A bientôt Benoit, savoure !

cedric a dit…

bravo benoit,
comme a chaque fois ,un beau recit mais la en plus , un record a la cle
j'espere que l'on aura un jour l'occasion de faire un marathon ensemble
en attendant,on aura toujours les cross pour se voir et boire un coup
bravo aussi a ton pote manu
il faut lui dire qu'il arrete le tennis de table et qu'il se mette a la course a pied
bonne recup

michel a dit…

bravo benoit , aprés plusieurs tentative tu a réussi a faire - de 02h50' ,

bonne récup et encore bravo

Jérôme a dit…

Bravo, bravisssimo Benoît !
C'est exactement ce qu'il me faut vivre ! J'ai un PB à 2h49 réalisé en 2009 et 2010 => j'espère claquer un 2h47 ou 2h48 en 2011!
Merci, tu me motives !
PS/ Merci Charlie de faire partager ces beaux instants et bravo à toi el coach !

Benoit a dit…

Merci à tous pour les commentaires sympathiques ! Il va maintenant falloir que je retourne m'entraîner pour vivre de nouveaux moments comme ce marathon de la Rochelle...

Sadok a dit…

Bravo Benoît pour cette réussite dans des conditions pas tout à fait clémentes. Comme beaucoup, j’ai suivi tes précédents récits avec des hauts et des bas. Le travail et la pugnacité qui te caractérisent finissent pas payer. Il faut continuer de garder cet enthousiasme pour viser encore plus haut. Le coach doit être fier.