vendredi 22 février 2013

heureux

Tout simplement heureux, rien à ajouter à part aller voir courir-avec.fr



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Merci à tous les membres parents et coureurs pour les photos qui sont sur courir-avec.fr !

vendredi 15 février 2013

Aujourd'hui je n'ai pas couru

Vendredi 15 février, c’est le soir et j’ai envie d’écrire, d’écrire pour moi et pour qui voudra passer un moment à voyager avec moi. C’est confus, par moment, j’ai des grandes émotions et écrire me permet de baisser la pression en moi et par moment cela vole dans tous les sens.
Vendredi, fin de semaine, je voulais courir encore, comme tous le jours et aujourd’hui exceptionnellement je me suis mis à méditer au lever et je n’avais plus le temps, il me fallait me préparer, je devais rejoindre des amies pour aller soutenir une amie qui elle aussi courait beaucoup dans un passé récent. Avec ses enfants, sa famille et des proches elle a dit adieu à celui qui encore peu, alors qu’il souffrait, lui disait : « tu es belle, je t’aime ». Il est parti. Sans être réellement là, il lui dira encore ses mots d’amour. 

Aujourd’hui je n’ai pas couru et ce soir je n’irai pas. Il y a quelques jours j’écrivais à un de mes athlètes qui démarre un plan marathon, il redoutait une séance ce week end qu’il n’avait pas encore vue en début de plan, je lui écrivais : «  chaque jour, je suis heureux, chaque jour est un cadeau, chaque jour je cours sans me projeter au lendemain ou au sur lendemain ou plus tard . Si après la séance du jour je suis trop fatigué alors je me reposerais, je ne redoute pas les séances à venir». 

Oui, chaque jour est un cadeau et les raisons petites ou grandes d’être heureux sont multiples, variées, de tous ordres. 

Le WE dernier j’ai vécu des moments indescriptibles de bonheur, il y avait la rudesse du trail dans la boue et la difficulté d’avancer avec la joëlette dans les montées, les descentes les passages au-dessus et en dessous des troncs d’arbres couchés ou cassés. Pendant l’effort, seule la coordination, la motivation la solidarité des coureurs de l’association permettait d’avancer. Seul pendant le Noz Trail c’est à dire la course de nuit, un esprit faible dans un corps moyen aurait complètement craqué et sombré dans le découragement, les glissades, les chûtes étaient nombreuses. En équipe avec comme force mentale l’enfant dans la joëlette, et là c’était noëmie, nous étions très lents, certes, mais nous avancions sans nous poser de questions. Quand je "traile" seul je gamberge, quand je suis autour de la joëlette je n'ai plus aucun état d'âme. 

Le lendemain, malgré des jambes lourdes et des bras bien fatigués car peu entraînés à travailler en force longtemps, nous n’avons pas rechigné à nous remettre sur les sentiers, c’était beaucoup moins difficile et nous voyions sur quoi nous patinions. Cela a duré le double de temps, c’est sûr qu’après plusieurs heures de course et de portage les organismes étaient marqués et les relais se faisaient de plus en plus rares. Comme cela fait plusieurs années maintenant que l’équipage dont je faisais partie a roulé poussé tiré dans le sable, la boue, les escaliers du côté de Plourhan, Binic, St Quay Portrieux, nous étions quelques vieux et fiers de l’être à temporiser en début de course pour assurer sur la fin quand beaucoup de coureurs sont usés. Parmi les vieux de "courir avec" il y a le jeune Simon qui, à n’en point douter est très endurant et est capable de « rouler » vite des heures, sur la fin, il avançait bien en tirant la joëlette.
Manu, notre force mentale ce dimanche est une locale, Jean-michel et Isabelle son papa et sa maman nous ont concocté ce rassemblement, enfants parents et coureurs. Isabelle qui était interrogée lors du repas d’après course, alors que tous nous étions heureux, béats d’être ensemble après l’effort, a dit tout simplement:" nous sommes une famille." J’étais à côté et je me disais: "oui je suis heureux de faire partie de cette famille", nous sommes heureux de nous retrouver. Manu, Noëmie, Maryline, Louis et d’autres ont l’espace d’un WE plus de tontons et tatas. Quand je retrouve cette famille j’ai la larme à l’œil, tant pis si on me dit que j’ai la larme facile, mais c’est le plein d’émotion qui fait cela. Dans cette famille qui s’appelle "Courir avec", je m’aperçois que c’est la sérénité qui règne surtout après les courses quand les papas et les mamans voient leurs enfants heureux d’avoir « couru », ces mêmes parents savent maintenant contrairement à la première fois que c’est nous les coureurs qui remercions les enfants pour le bonheur qu’ils nous ont donné alors maintenant nous savourons ensemble ce que Comte Sponville appelle la communion, c'est un partage, c'est une union. Tout le monde a besoin de donner et recevoir l’amour. Quand c’est avec nos frères et sœurs c’est la fratrie une partie de la famille et pourtant il peut y avoir rivalité et jalousie entre frères et sœurs. Dans notre famille « courir avec » quand j’ai couru samedi et dimanche j’étais très très fatigué et je n’enviais personne et je me sentais dans une famille sereine avec chacun et tous sur la même longueur d’onde, l’envie d’être simplement heureux ensemble.
Toute la semaine a été pour moi sur un nuage, dès lundi soir, je suis allé au judo et j’ai pratiqué sereinement, en souplesse avec l’envie de me mettre au service de la salle, j’ai, je crois, aidé des ceintures blanches et de couleur à saisir des mouvements au sol comme debout en randori (petits combats d’entraînement), c'éatit un peu de redistribution du plein d'énergie mentale que j'avais emmagasiné. Mardi j’ai fait une séance au stade bien tranquille avec mes amis du club et les jours suivants j’ai bien savouré les footings à allures variées.
Jeudi, journée de bi-quotidien, midi gayeulles et soir avec les filles en préparation de la Rennaise, c’était la saint valentin, ma valentine sait comme je l’aime, ce jour là et tous les autres aussi et nous sommes heureux. Il ne faut pas oublier de dire à ses enfants comme on les aime. On peut aussi dire à ceux qui nous sont chers cette très belle expression : « merci d’exister » ça ne surprend personne et ça veut dire qu'on les aime.

Aujourd’hui, je n’ai pas couru, depuis que je sais que notre ami est décédé, j’ai dans la tête et parfois je fredonne l’air du mouvement Allegretto de la 7ème symphonie de Beethoven. Toute cette journée, depuis mon réveil jusqu’à ce soir, cet air est là et me bouleverse. C’est sans doute parce que cela me colle aussi bien quand je cours que quand je médite parce que la mort est venue emporter quelqu’un. 

Ce soir, je voudrais que lors de mes funérailles, on ne me voit pas allongé dans la boîte, je voudrais le temps de la cérémonie d’adieu que la boîte soit fermée et qu’on mette des photos de moi en train de courir, de sourire, en judogi, à écouter de la musique, JS Bach un morceau de piano interprété par Glen Gould, Mozart le concerto n°23 ou le requiem, Beethoven. 

J’aime la vie, j’aime bouger, j’aime manger, boire courir, je n’ai pas couru ça m’a manqué mais j’avais envie de soutenir mon amie qui a vu son amour s'en aller.